L'esprit français contre le wokisme

Anticonstitutionnel, discriminatoire, sexiste, sectaire: l'idéal Woke cache-t-il un totalitarisme moderne ? 

Nous l’avons déjà démontré sur ce site (https://www.huguesfolloppe.com/wokehistoireart.html) : l’ouverture d’esprit n’est pas la qualité première des adeptes Woke.  Osez annoncer des doutes quant à l'idéologie Woke, et vous récolterez les qualificatifs suivants: "d'extrême-droite",  "raciste", "sexiste", "conservateur". Grâce à ces cases conceptuelles le discrédit est jeté sur l’Autre avant même qu'il ait pu argumenter. Or, si l’on tente un instant de penser en dehors des partis politiques, autrement dit en dehors des clous, on découvre que l’on peut être ni raciste, ni d’extrême-droite, ni sexiste, et constater que l'idéologie Woke s'oppose aux nos principes fondamentaux de la République française.

Dans notre précédent article évoquant la venue du Général de Gaulle au Québec, nous avons dit pourquoi cette idéologie importée des Etats-Unis ne convient pas au modèle français :

le Wokisme est tout simplement anticonstitutionnel :

Les anglo-saxons ne jurent que par le multiculturalisme qui consiste à l’atténuation de l’identité nationale. Le multiculturalisme, c’est la grande orgie idéologique; raison pour laquelle la Constitution française de 1958, celle toujours en vigueur aujourd'hui, ouvre son article en plaçant l'adjectif Indivisible en tête. Indivisible, c'est l'opposé du communautarisme qui fait monter les tensions entre "groupes" d'individus (les Noirs contre les Blancs, les femmes contre les hommes, les gays contre les hétéros, et cetera). Depuis 2020 en France, ce communautarisme est promu par la vague Woke en provenance des campus universitaires américains. 

                    Allons-nous vers une société dans laquelle les humains se regardent en chiens de faïence ?

L’importation « ready-made » d’une idéologie étrangère n’est jamais une bonne chose car elle ne colle pas dans la vignette historique du pays d’arrivée. Les Etats-Unis ont une histoire douloureuse. Comment ce peuple américain, dont l'indépendance n'a  pas encore 250 ans d'existence, pourrait-il être heureux avec une fondation basée sur l'holocauste des peuples amérindiens et la mise en esclavage des Africains? 

Ce que l’on désigne là-bas sous le titre de « ligne de couleur » fut le motif principal de la Guerre de Sécession au XIXe siècle, et ce fut aussi la raison des lois raciales (Jim Crow Laws) qui ont sévi jusqu’en 1964. Rien à redire là-dessus ; c’est l’Histoire des Etats-Unis.

Or, la puissance douce américaine – soft power du divertissement (films, réseaux sociaux, séries télé, etc.) – fut assez efficace pour marquer le peuple français du sceau de ces données historiques qui ne leur appartiennent pas. Aussi, au moment de l’émergence, dans les années 2020, d’une vague militante et victimaire aux USA, le terreau était-il assez fertile en France pour que celles et ceux qui ne constituent pas une majorité pour une raison ou une autre s’identifient du jour au lendemain à ces luttes outre-Atlantique, leur donnant par la même occasion une raison de lutter à leur tour, c'est-à-dire une raison d’exister.

"Une farouche et grossière présomption a délivré le sot et l'ignorant du sentiment de leur nullité." écrivait Taine dans un contexte où l'envie de faire table rase du passé étant semblable.

Dans les pays anglosaxons, les effets de ces luttes minoritaires sont étonnants : l’Angleterre compte 55 977 178 habitants, pourtant le pays se dispute sur la question des droits des personnes Transgenres, soit un total de 200 individus. (https://www.telegraph.co.uk/news/2023/01/06/transgender-one-200-britain-census-data-ons-quarter-million/)

Les combats utiles et salutaires qui ont amélioré les conditions de vie en France ont visé l’obtention des mêmes droits que les autres, et non pas l’obtention de statuts privilégiés.

Etre remarquable en raison de sa naissance, telle était la règle sous l’Ancien Régime ; avoir des privilèges, être reconnus supérieurs aux autres de par son rang, telle était la vie avant la Révolution française. Ainsi, prétendre aujourd’hui obtenir des droits en raison de sa couleur de peau, en raison de son sexe, ou en raison de ses origines, c’est s’opposer à la République française en niant que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, comme le stipule la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. C'est pourquoi l'on peut affirmer sans vergogne que les militants Woke agissent en petits rois.

Comme pour les rois, les tapis rouges médiatiques sont déroulés aux pieds des wokistes, que ce soit les chaînes de radios ou les chaînes télé.

Un exemple parmi d’autres : « Vous n’allez quand même pas couper le discours d’une femme noire ! » s’insurgeait une actrice sur la scène de la cérémonie des Césars en 2023, alors que la règle commune à tous les gagnants consistait à respecter un certain temps de parole. Là encore, mise en avant d’une caractéristique physique comme objet de droit, parfait exemple de "cette sublime tromperie de soi qui interprète la faiblesse elle-même comme liberté, sa manière d’être particulière comme mérite.", comme l'écrivait Nietzsche dans sa Généalogie de la Morale. 

Déjà en 2020, une autre actrice avait déclaré, sur scène et en direct devant les millions de téléspectateurs, qu’"elle comptait les Noirs dans la salle".

Une personne blanche aurait fait la même réflexion,  vous imaginez bien que sa carrière était finie le soir même.

« J’ai toujours pu compter sur les doigts d’une main le nombre de non-Blancs », poursuivait l’actrice au micro, « Mais j’ai fait les compte et on est à peu près douze ».

Devant une assemblée profondément silencieuse, sans un sourcil réprobateur malgré l’insistance des cadreurs (gros plans sur les visages de personnes « non-Blanches »), l’actrice enfonça le clou :

« On a survécu au White-Washing ! » s’exclama-t-elle. Preuve éclatante, s’il en fallait une, de l’importation idéologique du wokisme car personne en France n’avait jamais entendu ce terme anglais de White-Washing (qui désigne le fait de faire incarner par des acteurs blancs des rôles de personnes qui ne sont pas blanches) et dont on ne comprend pas bien l'évocation à ce moment précis. « On a survécu ! »… Qu’est-ce que les gens qui ont vraiment survécu à quelque chose de terrible ont bien pu ressentir en entendant cela ?

En France, une prise de conscience est en train de naître.

Au fils des mois, des intellectuels tirent la sonnette d’alarme : être Woke, c’est avant tout discriminer l’Autre par le biais du subterfuge de la légitimité. Dans la vision Woke, la personne Blanche devient l’ennemi, tout autant que l’homme ou que l’hétérosexuel.

Si vous cumulez le fait d’être un homme Blanc hétérosexuel, alors vous avez triplement tort d’être né.

Pour s'en convaincre, il suffit de regarder ce qui se passe chez les anglo-saxons: au Royaume-Uni, « la BBC a contraint l’attribution des rôles principaux de ses séries biographiques portant sur Robin des Bois, le roi Arthur, Jules César ou Marguerite d’Anjou, refusant à des acteurs blancs la possibilité d’incarner ces figures historiques ». (Sami Biasoni, Netflix, la nouvelle vitrine culturelle de l’état profond, revue Front Populaire n°2).

De même Le Black-AIDS Institute, basé en Californie, se propose d’aider les personnes atteintes du SIDA, ce qui est bien, mais comme son nom l’indique… seulement si elles sont Noires.

Et les deux dirigeants de l’Institut ne voient aucun inconvénient au fait de n’autoriser des services médicaux qu’à la seule condition d’y accueillir des patients issus de la communauté Noire.

Peu à peu, cette tendance sectaire se développe en France, comme par exemple le 17 mars 2021, dans la matinale d’Europe 1, lorsque la présidente de l’UNEF se présente comme la première présidente « racisée » du syndicat étudiant. A la question: « Vous dénoncez toute forme de racisme, y compris le racisme anti-blanc? » la présidente préfère esquiver la réponse en répondant à côté. Le même jour, France 5 diffuse l’émission Passage des Arts dans laquelle l’invitée est une chanteuse tout juste récompensée, à 26 ans, d’une victoire de la musique. Pourtant cette victoire n'empêcha pas la chanteuse d’affirmer qu’elle était une « victime » de la société en tant que femme et en tant que Noire.

Face à ces quelques exemples prélevés dans la masse (nous aurions pu évoquer les titres de livres et de films qui se voient renommés par la censure Woke), que faire ?

Il s’agit avant tout de ne pas rester spectateurs du phénomène. Le wokisme se développe parce qu’il ne rencontre que peu d’oppositions. Face à des personnes mobilisées en associations et en partis politiques, et pour lesquelles les médias grand public n’offrent aucune contrepartie, devenons conscience de ce qui se joue en ce moment. Ce qui se joue, c'est très exactement ce que décrit Bérénice Levet dans son livre Le Courage de la Dissidence aux éditions de L'Observatoire. La philosophe met en garde contre cette détestation de soi et de l'histoire de France à laquelle nous invitent les wokistes:  

"L’histoire de la France a certes été faite en grande partie par des hommes blancs, mais s’ils sont demeurés dans les mémoires, ce n’est ni parce qu’ils étaient blancs, ni parce qu’ils étaient hommes, mais bien par et pour leurs actions."

L'ouvrage de référence, l'incontournable pour appréhender la complexité du problème, reste le livre La Religion Woke de Jean-François Braunstein, professeur émérite de philosophie contemporaine à l'UNiversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne. L'auteur nous livre ici un constat accablant de ce qu'impliquent les revendications particulières des wokistes, en se posant la question de bon sens:

"Comment des gens intelligents peuvent-ils croire à des idées aussi absurdes ?" Dans cette enquête impeccable, l'auteur fait le lien de ce mouvement Woke avec le mouvement puritain si caractéristique des Etats-Unis. 

Pierre Vesperini, quant à lui, s'interroge sur l'une des conséquences de la censure Woke, à savoir la Cancel Culture, dans son ouvrage intitulé Que Faire du Passé? paru chez Fayard. Le chercheur au CNRS, spécialiste de l'Antiquité, s'inquiète à son tour des arguments du camp du Bien dont l'objectif est l'effacement de tout ce qui ne convient pas... ce qui n'est pas sans rappeler quelques-unes des heures les plus sombres de notre Histoire:

"Le monde nouveau qui s’annonce est un monde unilatéral : sans confrontation, sans dialectique, sans lutte. Une utopie puritaine, un immense safe space où seuls les « bons » sont appelés à s’exprimer."

Enfin, pour comprendre comment la France en est arrivée à une telle acceptation du phénomène Woke, il faut lire l'argumentation développée par Mathieu Bock-Côté dans Le Multiculturalisme comme Religion Politique aux éditions Politique Lexio, livre dans lequel le sociologue analyse de quelle manière les idéologies du camp du Bien ont transformé  la  France en une société indéterminée:

"Un peuple qui ne se définit que par des valeurs universelles, républicaines ou pas, est en voie de ne plus en être un et de se laisser définir comme une société interchangeable dans le grand paysage de l’humanité mondialisée."

©HuguesFolloppe2023