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Elle est d’abord un instrument du sacre et un emblème fort de la royauté française. Cet objet prestigieux aurait appartenu à Charlemagne, souverain qui reste un modèle pour ses successeurs jusqu’au XIXe siècle.
Conservée au trésor de Saint-Denis jusqu'à la Révolution de 1789, exposée au trésor de Notre-Dame de 1804 à 1816, abritée en 1848 au ministère des Finances ; rendue au Louvre en 1852, l’épée de Charlemagne a miraculeusement été préservée des aléas de l'histoire de France.
Elle a été travaillée du Xe au XIXe siècle. Les entrelacs du pommeau sont similaires à des objets scandinaves des Xe et XIe siècles.
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Les animaux merveilleux du quillon sont typiques du XIIe siècle.
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Les losanges de la fusée datent du XIIIe ou XIVe siècle.
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La lame a été forgée au Moyen Âge, mais à une période indéterminée. Quant au fourreau, si la plaque ornée de gemmes image f a été réalisée au XIIIe siècle, le velours brodé a été refait en 1825.
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Charlemagne ayant été couronné empereur en l’an 800, la partie la plus ancienne de Joyeuse lui est donc postérieure. L’épée a été fabriquée après sa mort. Cette incohérence chronologique n’est pas connue des rois et aurait de toute façon peu importé.
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L’essentiel est le symbole qu’elle véhicule ; aux yeux de tous, Joyeuse incarne Charlemagne.
Le roi qui la possède légitime sa position car il se place dans la lignée de l’empereur, modèle prestigieux des origines de la royauté française.
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Plus qu'une épée, un mythe.
Joyeuse, Durandal (épée que Roland avait le jour de sa mort à Roncevaux), qu’elles soient la propriété d’un personnage historique ou d’un héros de légende, les épées prestigieuses portent des noms.
Cette personnification leur confère un caractère mythique, parfois surnaturel.
Elles sont des actrices à part entière du destin de leur chevalier, duquel elles sont indissociables.
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Ainsi, Charlemagne est représenté avec son inséparable épée Joyeuse jusque dans l’art populaire de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Cette personnification d’un objet est une pratique courante au Moyen Âge.
Les outils de la vie quotidienne sont nommés et bénis par un prêtre avant leur première utilisation, comme la cloche d’une église, le marteau d’un forgeron… ou l’épée d’un chevalier.
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Une épée sacrée
Joyeuse appartient aux regalia, c’est-à-dire les insignes du sacre des rois. Elle est ainsi l’un des emblèmes de la royauté française.
Le sacre est un souvenir du baptême de Clovis qui a eu lieu dans la cathédrale de Reims.
Le futur souverain y reçoit l’onction qui fait de lui le représentant de Dieu sur terre.
Au cours de la cérémonie, lui sont remis les insignes de la chevalerie, comme les éperons.
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Peut-être utilisée dès 1179 pour le sacre de Philippe-Auguste, Joyeuse est attestée à partir de celui de Philippe III le Hardi en 1271.
Épée dynastique associée à Charlemagne, garante de la tradition de la royauté, elle est présente à toutes les cérémonies suivantes jusqu’à la dernière, celle de Charles X en 1825.
Conservée avec les autres regalia dans la basilique de Saint-Denis, elle survit à la Révolution française et est transférée au Louvre en 1793.
Tandis que Joyeuse sommeille au fond du Louvre
Et Durandal rouille seule à Rocamadour,
Ce sont les portes du pays qu’en grand on ouvre
A tous vents, laissant les pions encercler la tour.
Aucun sursaut, hélas ! Aucune résistance,
Aucune âme ne crie plus Montjoie ! Saint-Denis !
Les Ganelons sourient quand sonne l’hallali,
Et l’ennemi, serein, se saisit de la France.
(Le Barde)
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Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/epee-du-sacre-des-rois-de-france par Anne-Lise Blanchet.