Famine au Bengale : Churchill coupable ?

L'affaire de la famine au Bengale. De toutes les allégations faites aujourd'hui au sujet de Winston Churchill, c'est peut-être celle qui semble revenir le plus souvent. Cette affaire de la famine au Bengale fait de Churchill un meurtrier de masse et un criminel de guerre délibéré.

Les membres de la table ronde qui s'est tenue en février 2021 à Cambridge ont dit qu'à cause de cela, Winston Churchill était pire qu'Hitler. Il y avait quatre personnes sur le panel et un modérateur, et personne, pas une seule des personnes n'a dit que c'était la déclaration la plus absurde qu'il soit possible de faire.

En octobre 1942, un terrible typhon a frappé la côte Est de l'Inde et a interrompu toutes les communications ferroviaires et routières vers le Bengale.

Dans des circonstances normales, ce que les Britanniques avaient fait en Inde depuis des générations, c'était d'acheter du riz pour atténuer la famine dans des pays comme la Thaïlande, la Malaisie et la Birmanie. Mais ces trois pays étaient sous le contrôle des Japonais en 1942.

Il était donc impossible pour les Britanniques de le faire cette fois-ci. C'est très rapidement après le typhon que Churchill a commencé à demander aux premiers ministres des Dominions et au président des États-Unis d'envoyer de la nourriture en Inde. Mais le problème, c'est que le golfe du Bengale était infesté de sous-marins japonais qui, en avril 1942, avaient bombardé des villes de la côte Est.

C'est pourquoi les attaques contre Churchill sont historiquement incorrectes. Elles ne tiennent tout simplement pas compte du fait que la Seconde Guerre mondiale se déroulait à l’époque, et qu'il ne s'agissait pas simplement d'acheminer de la nourriture dans les régions dévastées. Aucun historien de Churchill ne nie qu'une terrible famine a eu lieu et que des millions de personnes sont mortes.

Mais l'idée que Churchill voulait que ces gens meurent et qu’il n'a rien fait pour les aider, c’est complètement faux. Il suffit de lire les télégrammes qu'il a envoyés au vice-roi des Indes, Lord Wavell, pour comprendre que c'est une absurdité absolue.

Mais la vraie raison est que Churchill a fait ce que nous considérerions aujourd'hui comme des blagues racistes totalement inacceptables sur les Indiens. À un moment donné, il les a qualifiés de peuple bestial doté d'une religion bestiale. Et c'était, bien sûr, des remarques inacceptables à faire.

Pour autant, l'idée que, parce qu'il a dit cela à un ministre – ce qui n'est d'ailleurs pas vérifié par quelqu'un d'autre – signifie qu'il voulait que ces gens meurent est tout simplement une sorte d'énorme saut dans la croyance. Mais c'est un saut que beaucoup de gens sont prêts à faire.

Et il semble que cette question de l'attaque contre Churchill revienne sans cesse à quelques affirmations concernant ses opinions sur la race et la religion. On a tenté d'affirmer qu'il était anti-juif et anti-musulman et bien d'autres choses encore.

Qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui est faux dans tout cela ?

Churchill était un philosémite absolu. Il aimait les Juifs, ce qui, soit dit en passant, était plutôt improbable pour quelqu'un de son âge, de sa classe et de son milieu. Les classes supérieures britanniques de l'époque victorienne étaient notoirement antisémites.

Il faut le voir dans le contexte de l'époque victorienne. Il a été élevé dans la croyance, comme tout le monde à l'époque, de ce concept odieux et, pour nos oreilles modernes, complètement ridicule, d'une hiérarchie des races où l'homme blanc était au sommet.

Et il considérait cela comme un fait scientifique. Et c'est la raison pour laquelle il est accusé de racisme, parce qu'il croyait essentiellement qu'il y avait une hiérarchie entre les races. Mais l'idée qu'il voulait que les personnes qui n'étaient pas blanches meurent par millions est une véritable parodie, parce qu'il croyait aussi qu'il y avait une hiérarchie des classes.

Et il pensait qu'étant né dans un palais, petit-fils d'un duc, il avait une profonde responsabilité envers les personnes bénéficiant de ce type de privilège, une profonde responsabilité envers tous les autres membres de la société. Et c'est ce qui l'a motivé. C'était le concept de la démocratie conservatrice qui devait en quelque sorte « payer » pour son privilège, d'une manière qui aide les gens ordinaires.

Sources:

Winston Churchill and the Bengal famine, https://youtu.be/kzA8Af09p80?si=REiiRPsWJ2ZBd5i9, chaîne Youtube de l'auteur Britannique Douglas Murray

Andrew Roberts, historien, a sorti une biographie intitulée Churchill aux éditions Peguin.