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Art & Culture

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Il n’est pas de miel plus doux que celui de la connaissance.


Où est passée la beauté féminine?

Publié par Hugues Folloppe sur 26 Juin 2023, 14:58pm

Catégories : #société

Christie Brinkley par Hugues Folloppe
Christie Brinkley, encres sur papier d'imprimerie.

 

Les mauvaises langues parleront de stéréotypes féminins. Pourtant qu'y a-t-il donc de commun entre Whitney Houston et  Michelle Pfeiffer, entre Julia Roberts et Sophie Marceau ? Elles ne se ressemblaient pas et pourtant chacune d'entre elles incarnaient un idéal de beauté.

Brooke Shields

 

Il suffit de contempler les œuvres peintes et sculptées par les Grecs dans l’Antiquité pour se convaincre que la beauté a toujours été célébrée de tous temps par l’humanité.

 On admire ce qui existe de mieux, et c’est à la fois l’espèce qui parle dans cette admiration mais aussi la culture la plus raffinée. Nos musées sont le reflet des idéaux de la beauté de nos ancêtres, que cette beauté soit imaginaire ou inspirée par la réalité. 

 

 

Portrait d'une fille, Egypte romaine,  120-150 av l'ère chrétienne
Portrait d'une fille, Egypte romaine, 120-150 av l'ère chrétienne

 

« Les deux plus grands artistes de l’Antiquité, le sculpteur Praxitèle et le peintre Apelle, composent leurs œuvres les plus remarques en prenant pour modèles Phryné ou Laïs », écrit Catherine Salles1.

En effet, les plus belles femmes de leur temps sont prises pour modèle, quoi de plus normal dans une société en pleine santé ?

Whitney Houston
Whitney Houston

Vision de la domination masculine ! diront les certaines...

 

 

 

 

Alors citons l’exemple d’Andy Warhol qui avait choisi Marylin Monroe pour réaliser quelques-unes de ses célèbres sérigraphies sur toile :

« C’était la beauté qui m’importait, et elle est belle ».

Son homosexualité ne l'empêchait pas d’identifier un canon de la beauté quand il l’observait chez une femme, car la beauté est un idéal auquel on se réfère et non un rapport sexué entre dominants et dominés. 

 

Cindy Crawford

Ainsi, on reste stupéfait en découvrant les photos de Claudia Schiffer, , Brooke Shields, Cindy Crawford, Carla Bruni, Christie Brinkley, Michelle Pfeiffer.

Mais ce n'est pas simplement l'apparence qui entrait en jeu:  l’image qu’elles véhiculaient est aux antipodes de ce que l’on voit aujourd’hui chez les mannequins des réseaux sociaux : rayonnantes, naturelles, heureuses d’exister, crinières luxuriantes, épanouies comme des fleurs de Polynésie. Ainsi on découvrait que ce n'est pas seulement l'apparence qui fait la beauté d'une femme, c'est aussi son rayonnement.

 

Julia Roberts

La fin des sex-symboles.

Que s’est-il passé depuis les années 90 pour en arriver à ce que nous voyons aujourd’hui, c'est-à-dire la fin de ce rayonnement?

Le constat est accablant: Visages travaillés au bistouri dès la jeunesse, visages tristounets, regards endormis, économie de sourires, liposuccions pour creuser les joues, injections, pommettes osseuses,  fesses énormes, glorification de l'obésité, coiffures plates, tendance du chignon bun qui réduit toute splendeur capillaire à une sorte de hamburger porté sur la tête, tatouages qui recouvrent l’intégralité des bras et parfois même montent jusqu’au cou (L'humoriste Franck Dubosc a raison quand il compare une jolie femme tatouée à "une Ferrari avec des autocollants")… Le constat est amer : les beautés rayonnantes du siècle dernier ont laissé la place aux passions tristes. 

 

La princesse Diana Spencer
La princesse Diana Spencer

D’où nous vient ce délitement de la grande beauté ?

Depuis les années 2000, les jeunes femmes subissent l'ambiance "réseaux sociaux", c'est à dire,  cette difficulté à rayonner en raison d'un trop grand nombre d'injonctions et de contraintes. Et des êtres qui ne sont pas épanouis psychologiquement, cela se voit dans leur corps.

Notamment, les féministes Woke se sont appuyées sur la lecture du Deuxième Sexe pour mieux vilipender les critères qui tombaient sous le sens commun. Il faut dire que pour Simone de Beauvoir, le souci de l’apparence constitue l’une des manifestations de la subordination féminine.

Alicia Keys. Photograph: Paola Kudacki

Dans un chapitre du Deuxième sexe consacré à la vie en société, elle déploie l’argument central qui consiste à réduire la femme parée au statut d’objet. En se faisant belle, la femme s’aliène dans son image, pire encore, elle nourrit l’illusion que, se faisant, elle accède à son être : « à travers [la toilette], la femme qui souffre de ne rien faire croit exprimer son être. Soigner sa beauté, s’habiller, c’est une sorte de travail qui lui permet de s’approprier sa personne comme elle s’approprie son foyer par le travail ménager ».

Sophie Marceau

Ainsi, la préoccupation esthétique et entretien corporel relèveraient de la soumission aux injonctions masculines.

C’en est fini de l’idée selon laquelle une femme  pourrait trouver du plaisir à plaire aux hommes, désormais une femme qui plaît aux hommes est considérée de facto comme soumise… ! (Par ailleurs, cela revient à supputer que les femmes seraient incapables de volonté indépendante. Pas certain que les féministes Woke aient pensé à cela.)

Ainsi, cette idéologie donne la priorité à l’enlaidissement.  Dans un article paru dans Sciences Humaines en août 2016, on peut lire ceci :

« La beauté est injuste. Elle crée des inégalités entre individus qui, bien que non dites, ont de très fortes implications sur le marché de l’amour ou sur celui du travail. »

On a l’impression que les Woke découvrent l’eau chaude quand on lit ce genre de propos, mais faut-il leur en vouloir pour leur naïveté ? Elles aussi cherchent un idéal qui n’existe pas, l'utopie d'un monde où il n'y aurait pas de plus jolies femmes qu'elles.

 

référence :

1. Les Bas-fonds de l'Antiquité, Catherine Salles, éditions La Petite Biblio Payot.

 

 

 

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